La gauche et le vote utile

Jan | samedi 1 octobre 2005 | A gauche | #21 | rss

"Au premier tour on choisit, au second on élimine". Après le traumatisme provoqué par la présence du Front National au second tour en 2002, cette maxime présidentielle est-elle toujours d’actualité ?

Leçon d’Histoire

En 2002, le candidat socialiste Lionel Jospin, victime de la dispersion des voix de gauche, était éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle. S’en suivait un second tour Chirac – le paon, et l’élection de l’actuel président avec plus de 82% des suffrages exprimés.

On peut donc se demander si, pour éviter pareille mésaventure en 2007, les électeurs de la gauche non socialiste (communistes, trotskystes, verts, radicaux, souverainistes) ne devraient pas voter utile dès le premier tour ? Comprendre "voter pour le candidat socialiste", seul à gauche en mesure d’atteindre le second tour.

Les "non" de droite

A cette question, les partisans de le paon, pour qui le scénario de 2002 fut idéal, répondront "non".

L’UMP répondra sans aucun doute "non" elle aussi, sans oser l’avouer, puisqu’un second tour face au Front National serait probablement une nouvelle fois synonyme de victoire facile pour son candidat.

Quoi qu’il en soit ce n’est pas à eux que se pose la question, mais bien à la gauche. Et la réponse n’est pas facile.

Rassembler à gauche ou sombrer

Quoi de plus naturel en effet pour un électeur de gauche que de barrer la route au Front National ? Les socialistes ne manqueront pas de le rappeler, et d’appeler à voter utile.

Mais en même temps il est permis de s’interroger sur les chances réelles d’élection d’un candidat socialiste qui ne devrait sa présence au second tour qu’à un vote à contre-coeur d’une bonne partie de la gauche.

On peut surtout douter de la légitimité d’un Président de la République socialiste qui se serait avéré incapable, comme Jospin en 2002, de construire un projet politique commun avec les autres partis de gauche avant l’élection.

Si la question du vote utile se pose aux électeurs de gauche, la réponse, elle, appartient bien au futur candidat socialiste, et à sa capacité à rassembler à gauche. Agiter l’épouvantail le paon ne suffira pas.