Le PS est-il toujours de gauche?
Langue de P | mercredi 2 novembre 2005 | A gauche | #37 | rss
A l’approche du congrès du Mans, l’affrontement entre François Hollande et Laurent Fabius atteint son paroxysme. L’enjeu : contrôler le PS. En ligne de mire : la candidature socialiste à la Présidentielle de 2007. Un duel droite-gauche inédit, dans lequel la gauche n'est pas là où on l'attendait.
La droite de la gauche
Il y a encore quelques mois, une blague très en vogue à gauche consistait à répondre à l’évocation d’une prise de position de Fabius d’un : "L’avis de la droite, c’est une chose, mais qu’en dit la gauche?"
A l’époque, le Premier ministre qui fut en son temps celui qui négocia le virage à droite du premier septennat de François Mitterrand, incarnait l’aile droite du PS, partisan de l’économie de marché et du libéralisme, bref, de la gestion (très peu) sociale du capitalisme. Une sorte de Bayrou repeint en rose pâle.
De droite à gauche
Mais voilà, les temps changent. Au point qu’aujourd’hui Fabius est (presque) à Hollande ce que Pierre Joseph Proudhon est à Alain Madelin.
Certes, sa stratégie de conquête du pouvoir a conduit Laurent Fabius a gauchiser son discours depuis le referendum sur la constitution européenne. Mais la véritable raison de ce retournement d’image tient à la droitisation de la majorité actuelle du PS. Au point que son premier secrétaire François Hollande incarne aujourd’hui le conservatisme, le "socialisme pantouflard".
Du Villepin de gauche
François Hollande ne fait pas rêver la gauche. Quand il affirme qu’ "il faut se comporter dans l'opposition comme on se comporterait aux responsabilités", la gauche entend qu’il propose de mener la même politique que celle du gouvernement Villepin, alors que c’est d’enthousiasme et d’un soupçon d’utopie qu’elle a besoin.
Les slogans de mai 68 "tout, tout de suite" ou "Soyez réalistes, demandez l’impossible" étaient sans doute utopiques, mais ne manquaient pas de panache. Hollande, lui, prône "le manque d’imagination au pouvoir".
Faute d’incarner la rupture – créneau dont Sarkozy a bien compris qu’il était à prendre – l'actuelle majorité du PS s’est coupée de sa base. Et son candidat à la présidentielle de 2007, qu’il s’appelle DSK, Lang, Royal, Aubry, Delanoë ou Hollande ne pourra pas compter sur un rassemblement à gauche derrière son nom pour gagner l'élection.
Alors comment la gagner ? En rassemblant au centre ? Au moins, une fois pacsés avec Bayrou, le positionnement de Hollande et de ses amis sera plus clair. Mais il n’est pas sûr qu’ils remplissent les urnes.
Avenir ?
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Quelle motion souhaitez-vous voir gagner au congrès du Mans? Votez...Le moindre des paradoxes aujourd’hui n’est pas de voir en Laurent Fabius la meilleure chance de la gauche en 2007. Mais il faut bien reconnaître que les alternatives manquent. A moins que d’ici-là, une nouvelle génération, au PS, ne parvienne à souffler un air suffisamment frais et puissant pour balayer l’ancienne et la nouvelle droite socialiste.
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